Faire son deuil

Le bonheur est la motivation

 20 février

Au jeu, seul, tu te perds dans l'écran

A deux, tu élargis le partage

A quatre, on en revient aux cartes

Ensemble,

C'est pour l'ensemble

Que le monde change

Faire son deuil

Ce matin-là, on frappe à ma porte : un professeur bienveillant accompagne deux élèves et me partage que l’une d’entre elles vit un deuil tandis que l’autre l’accompagne par amitié. J’accepte de les recevoir. Le professeur soulagé peut rejoindre les autres élèves.

Cette jeune élève ne le sait pas mais depuis qu’elle a attiré l’attention empathique de son professeur, elle a entamé son processus de deuil.

Je sais que des spécialistes ont élaboré des théories concernant les étapes du deuil : déni, colère, dépression etc… mais personnellement j’y vais à l’instinct et surtout en respectant les émotions premières de la personne en face de moi.

Faire son deuil n’est pas simple et pour les jeunes élèves c’est sans doute une forme d’apprentissage qui, s’ils l’ignorent les fera considérablement grandir. De même que je suis convaincu qu’une maladie, une hospitalisation, un événement important transforment les enfants, je suis convaincu que le processus du premier deuil nous arme chacun face aux desseins de la Vie.

Je partage mes expériences et tend les premiers liens de la passerelle invisible qui bientôt liera à sa manière cette jeune élève et la personne décédée. Respectueusement mais aussi habillement, je dois savoir quel est le jardin de cette demoiselle. Quel est son monde ? Quelles sont ses croyances ? Quelles sont ses peurs ? Quelles sont ses certitudes ?  Il faut aller de l’avant certes mais au départ accepter qu’il y a des choses devant nous et qu’il y en a peut-être derrière mais aussi et surtout avec nous.

Mes mots résonnent dans le cœur et l’esprit de la jeune fille qui me dit parler à son grand-papa qu’elle n’a pourtant jamais connu. Cela veut-il dire qu’elle parlera facilement à l’être cher disparu ? Pas sûr mais au moins, elle sait qu’elle n’est ni étrange, ni bête de faire ce qui lui fait du bien.

Vient alors le temps de l’action. Que peut-elle faire pour la personne mais aussi pour les autres et pour elle-même ? Une lettre, une fleur, des pensées, un temps partagé, un projet qui se prolonge…tant de pistes existent mais il faut trouver la meilleure parce que ce sera celle qui comme un pansement rapidement posé soulagera la blessure de l’âme.

Nous convenons enfin de nous revoir pour prendre le temps de parler de cette personne aimée mais surtout pour parler celle qui reste à aimer davantage encore : la jeune fille elle-même.  Elle souhaite fixer le jour et précise qu’elle pourra venir seule. Ses yeux remercient et mes mercis vont aussi à son amie qui l’a accompagnée et qui a pu profiter du partage. Sans le savoir, dans le processus de deuil, la personne disparue a fait qu’une rencontre existe….