Le
bonheur est la motivation
11
avril
Paradoxe
scolaire :
L’élève
qui brille
Peut
se permettre d’être
De
temps en temps, indiscipliné
L’élève
indiscipliné ne peut se permettre
De
briller de temps en temps
Un
conseil ? Les lunettes scolaires !
C'est le week-end de Pâques et j'ai relu avec plaisir une petite nouvelle écrite en 1999 alors que depuis quelques années, je faisais le clown de ci de-là d'un anniversaire à une scène ou à un stage comme le tout premier stage de Dorinne en 1996 sans oublier mon duo avec Boule "Et tu veux être clown?!" qui le précéda.
Alors faites-vous plaisir! Une petite lecture au soleil de ce printemps singulier! Vous verrez, sous les nez rouges se cache souvent une atmosphère quelque peu spirituelle...
Né
de clown
-"Toi,
tu es né quand tu étais petit."
Bien
que haut dans l’aigu, la voix vient d'en bas, grave dans le regard.
Quelques anges passent, me laissant à peine le temps de regarder
quelle main a pu lâcher une aussi adorable frimousse qui,
maintenant, en suspension sur les orteils, m'offre le plus adorable
des sourires. La suspension en trois petits points...me fait
balbutier...
-Plaît-il?"
-Non,
il ne plaît pas! Tu vois pas le soleil?!
Le
sourire devient légèrement moqueur.
-Non,
je voulais dire que je n'ai pas compris ce que tu as dit: je suis
né...
-
Quand tu étais petit!... Bon! C'est pas tout ça mais je dois aller
chercher de l'eau pour mon château.
Un
ange sonne la cloche mais je reste k.o. Qu'est-ce que c'est que cette
Pimprenelle? Et pourquoi moi parmi tous les estivants traînant leurs
espadrilles sur la digue ? Un instant j'hésite. Toujours un
instant de trop. La silhouette fluette n'est plus qu' une allumette
enflammée courant vers l'eau. Peut-être vaut-il mieux flotter
encore un peu dans la grâce, oublier un peu le cours de la journée
et détourner sa marche vers un banc, vous savez, ces bancs bleus et
blancs qui bordent la digue et où viennent s'asseoir les petits
vieux pour émietter leurs souvenirs, tout en nourrissant les
mouettes d'un reste de reste de pain. Je ne choisis pas mon banc,
c'est le hasard qui choisit. Il choisit aussi une petite vieille,
belle, semblable à une petite pomme reinette regardant la mer comme
le pré où elle va tomber. Encore empreint du frisson magique reçu
de l'enfance, j'ose un...
-C'est
beau!
-Infini!
-Infiniment
beau!
Lentement,
elle se retourne et un autre soleil couchant m' illumine de surprise.
La petite vieille doit être la reine des reinettes. Le visage et les
mains halés servent un corps, sans âge, confortablement moulé dans
un ensemble marin. Plus séduisants et plus étonnants encore sont
ses pieds nus transformés en fleurs arc-en-ciel.
-Ah!
Vous admirez mes pieds! Avouez que c'est du beau travail! Une couleur
différente pour chaque ongle. C'est une idée de mon arrière-petite
fille.
-Splendide!
Vraiment.
-En
vacances?
-Oui.
Et vous?
-A
vie! A vie!
Son
rire se perd un peu dans le vent qui, en éclaireur, annonce aux
derniers cerfs-volants l'avancée de la nuit dans le ciel orangé. Me
voici à nouveau sous le charme, à nouveau face à la suspension,...
le temps d'un rire.
-Vous
habitez à la mer? Enfin je veux dire...
-J'ai
bien compris cette belle expression...d'enfant! Oui, "j'habite à
la mer", une petite maison dans les dunes, au bout de la digue.
Et vous? Vous êtes en appartement?
-Non,
pas vraiment. Je n'avais pas prévu de venir à la mer mais j'en ai
eu tellement envie! Alors cette nuit, j'ai choisi de dormir dans la
voiture. Et comme je suis seul....
-Voulez-vous
dormir à la maison?
-Vous
êtes gentille mais...
-Si,
si! Vous savez, il y a quelques années, j'accueillais des vacanciers
et puis cela me fait vraiment plaisir.
-Bon.
Ben, c'est d'accord.
Nous
signons le contrat d'un sourire. Mon coeur se serre un peu. Pourtant,
ce n'est pas moi qui devrais avoir peur. Je devrais plutôt m'étonner
d'une confiance aussi belle que spontanée. A nouveau,la petite reine
se tourne vers la mer et tel un capitaine, tout en redressant son
dos, elle porte la main droite au-dessus du front et se met à
scruter l'horizon.
-Je
m'appelle Blanche.
-Et
moi Pierre...
-Pierre
sera suffisant. Je n'ai jamais eu la mémoire des noms.
Blanche
se lève. Instantanément, je réalise que son corps a toujours une
énergie enfantine. A nouveau, elle me sourit.
-Vous
devez vous demander pourquoi une femme comme moi...
-Je
ne me demande rien du tout. Je pensais seulement que...
-Que?
-Rien.
-Alors
comme ça, mamy vous a adopté vous aussi?
A
nouveau la petite voix qui me fait sursauter, l'incroyable frimousse
d'une petite ondine qui tend, avec fierté, une étoile de mer. Mince
alors comment fait-elle ?
-Tiens
mamy, je l'ai trouvée pour toi.
-Oh!
Merci! Merci mon ange.
-On
rentre maintenant mamy?
Sans
les connaître, je devine que ces deux personnes ont quelque chose
hors du commun et mon coeur se met à palpiter. La petite fille
confie son trésor marin à la reine Blanche puis, elle me regarde et
sourit.
-Tu
me portes sur tes épaules?
-Bien-sûr!
Jamais
je n'ai éprouvé un tel plaisir et pourtant des enfants j'en ai
porté plus d'un mais celle-là a quelque chose de différent et de
l'enfance, j'ai toujours eu envie d'en apprendre davantage.
-Alors
vous vous connaissez déjà?!
La
question de Blanche est une de ces questions qui n'attendent pas
nécessairement une réponse. La petite fille regarde droit devant et
dans un petit rire elle me dit:
-Moi,
c'est Lisa et toi, Pierre, toi, tu as encore grandi!
Et
c'est maintenant un trio bien jovial qui marche avec le vent.
Cette
fois, la nuit a pris sa place. A la lueur d'une petite lampe de
chevet, je couvre, d'une maladroite écriture, les pages d'un cahier
de vie oublié depuis des années et qu'en dernière pensée, j'avais
glissé dans mon sac de voyage. Mon esprit demeure suspendu à la
personnalité de cette énigmatique petite Lisa. Lisa à qui je
n'avais pourtant pas dit mon prénom, Lisa à qui je n'avais rien
dit, ni de ma vie familiale, ni de ma vie professionnelle, Lisa qui
possède ce don de résumer en une seule phrase, mille moments de vie
et mille pensées bien fortuites. Lisa qui, sans le savoir, me dit
qu'elle représente le tout d'une petite fille que je n'ai pas et que
je n'aurai jamais. Blanche, bien que feignant l'éloignement des
réalités du quotidien n'en est pas moins légère et étonnamment
optimiste.
La
soirée s'était éclairée des histoires de Lisa, son imagination
débordante semblant l'animer et la nourrir. D'emblée, il fut clair
que nous parlerions peu de nous puisque, de toute façon, Lisa savait
déjà tout ce qu'elle voulait savoir et moi, je me contentais de me
laisser porter par cette inattendue et double rencontre. Blanche nous
raconta la légende d'amour d'un marin pour une sirène. Son récit
éveilla mon imaginaire et endormit le dynamisme de sa petite Lisa.
Sur la terrasse de bois, l'air de la mer l'avait bercée dans son
hamac tout en berçant une lanterne dont le halo rivalisait avec la
pleine lune. Blanche me pria de porter son petit ange jusqu'à son
lit, ce que je fis avec plaisir. Au passage, elle posa un léger
baiser sur le front blond de la petite fille. Quand je revins de la
chambre, Blanche avait ouvert un gros livre posé sur ses genoux.
L'aura de cette femme d'une étrange élégance m'invita à la
laisser seule et c'est sans m'éterniser que je lui souhaitai la
bonne nuit.
Maintenant,
j'ai refermé mon cahier et je réalise que le sommeil ne viendra
pas. Cela n'a rien d'étonnant, cette journée est particulière et
peut-être qu'au fond de moi, je n'ai pas envie qu'elle finisse. Par
la fenêtre, j'entends les murmures de la mer et je songe à cette
sirène. Je l'imagine, belle, évidemment. Elle porte l'amour comme
on porte ses années, elle n' a rien d'une femme poisson, elle marche
sur le sable et sait où elle va.
-Pierre!
Pierre! Vous dormez?
C'est
Blanche et sa voix en sourdine.
-Non!
Je n'ai pas sommeil.
-Alors,
voulez-vous bavarder encore un peu?
-Oui.
Volontiers.
-Je
vous attends sur la terrasse.
-D'accord!
Je vous y rejoins.
La
lanterne est éteinte et la lune, de ses charmes, a fait tomber le
vent. Blanche,dans cette lumière céleste, m' apparaît vraiment
comme une reine. Sa beauté tient de l'indicible et m'appelle au
silence bien plus qu'à n'importe quel bavardage même si je pressens
que l'envie est là. Le sourire de Blanche m'invite à m'asseoir face
à elle. A cet instant, je sais que je ne parlerai pas.
-Vous
avez raison Pierre. Gardez le silence et écoutez-moi. Ce que je vais
vous dire pourrait en faire fuir plus d'un mais je sais pourquoi Lisa
vous a choisi comme je sais aussi que votre cheminement spirituel est
sincère autant que singulier. Aujourd'hui, grâce à vous, j'ai vécu
mon ultime naissance et je dois vous en remercier. Dès lors, si je
veux avoir tout le temps qu'il me reste, je me devais de faire
confiance au choix de Lisa. Voilà pourquoi je vous parlerai sans
détour. Vous l'ignoriez Pierre, mais certains d'entre nous ont un
rôle à jouer ici bas et votre temps est venu. Soyez sans crainte,
il n'y a rien de mystique dans mes propos et je ne représente aucune
secte et pour parler comme les enfants, je ne suis pas une sorcière.
Je suis à l'écart de tout pour être plus proche de l'essentiel. Je
vais sans doute vous décevoir mais je ne suis pas un ange, pas plus
que vous et pas moins que Lisa. Je suis une femme qui ne s'est jamais
posé de questions inutiles et qui a toujours, comme les oiseaux,
vécu au jour le jour sans se soucier des lendemains. Et puis, comme
vous, j'ai connu des jours de lumière. Cela m'arriva à chaque
période de ma vie, de l'enfance à l'adolescence, d'un état de
femme à un rôle de mère et bien après encore.
Tout
en écoutant Blanche, des souvenirs habillèrent chacune de mes
pensées. Tous ces souvenirs étaient de lumière où, pour quelques
instants, j'étais entré rejoindre la grâce du temps suspendu avec
la conscience d'une possible éternité et la joie de sublimer la vie
pour la vie. Tout en écoutant Blanche, je savais qu'à nouveau je
naissais à ce monde qui n'avait cesse de me porter. Blanche
poursuivait.
-Avez-vous
déjà observé les bébés, Pierre? Certains d'entre eux semblent
s'évertuer à ne jamais accrocher votre regard et puis un jour,
comme par magie, leurs yeux semblent porter toute la gravité d'une
vie qu'ils entament à peine. Je sais qu' à ce moment, ils naissent
une seconde fois. Et maintenant, si vous le voulez, allumez la
lanterne et allons dans le jardin de Lisa. Vous verrez combien
l'innocence des enfants brise les angoisses du monde.
J'allumai
donc la lanterne. Ah, comme je me sentais bien, flottant entre deux
univers, aérien comme l'âme et cartésien comme le corps, heureux
de vivre, à l'écart du quotidien, des moments de plénitude. Pour
la première fois, Blanche me prit par la main s'assurant et
m'assurant que je ne rêvais pas, elle la serra fermement. Le jardin
de Lisa est bien un jardin d'enfant. Tout y est mélange, et
l'étrange manège d'une lanterne par-dessus, lui donne un air de feu
d'artifice quand, tour à tour, les fleurs offrent leurs couleurs
dans un tournoiement de lumière. Mais Blanche a gardé le plus
savoureux pour la fin. Dans un espace en forme de coeur...
-
Lisa a planté ses "petits morts" comme elle dit.
Blanche
sourit. Avec un étonnement grandissant, j'éclaire ce jardin des"
petits morts" et j'entre dans un rire aux larmes et d'un pleur
aux rires où me rejoint Blanche. Dans la terre, Lisa a enfoui, à
moitié, des objets usés, cassés, morts. Il y a, pêle-mêle, des
petits ciseaux rouillés, un crayon brisé, un vrai poisson rouge...
-Le
poisson est mort hier! Il s'appelait Bulle.
Il y
a aussi une paire de patins usés, des cahiers déchirés, une
peluche déchiquetée et d'autres souvenirs de petite fille. Je suis
le visiteur d'un véritable jardin secret qui n'a rien d'un cimetière
mais tout d'un jardin à souvenirs ouvert au ciel.
-C'est
un jardin magnifique!
-Un
jardin du coeur, Pierre. Un jardin effaçant toutes les fins du
monde.
-Tout
de même. Le poisson lui ne restera pas longtemps entier. Que dira
Lisa quand elle le verra se décomposer ou quand un chat viendra le
déterrer?
-Lisa
ne dira rien. Elle sait que, comme elle, les objets passent dans son
jardin, ils ne restent pas. Il en est de même pour les rencontres.
Il en est des essentielles et des anodines mais toutes ne durent
qu'un temps parce que nous savons que la vie nous fait avancer.
Nous
laissâmes le jardin de Lisa à son silence. A nouveau, l'enfance
m'avait ébloui de toute son innocence et de sa simplicité à vivre
les choses sans cadeau pour l'inutile. Blanche m'invita à partager
quelques instants du sommeil de Lisa. Dans le cercle de lumière,
l'enfant dormait profondément, petite princesse, petite fée dont
les ailes devaient sans doute encore pousser un peu et dont j'enviais
la chance. Cette vision qui touchait du rêve répondit à mon
sommeil derrière la porte. Je remerciai Blanche pour cette soirée
inoubliable et je vis combien elle aussi était heureuse. Je ne fis
plus aucun rêve jusqu'au lendemain matin.
C'est
l'odeur du café qui m'éveilla. Presque honteux d'être si peu
matinal, tout ébouriffé, je fis fureur au petit-déjeuner. Le rire
fut donc de mise dès le matin. Lisa dévorait son croissant. Sa mamy
lui nouait les cheveux tandis que sous la table, les jambes de la
fillette balançaient le rythme d'une mélodie intérieure. Nous
fîmes un large honneur au repas puis Blanche m' emmena dans le
petit garage près du jardin.
-Vous
voyez que vous étiez attendu!
Blanche
m'invite à entrer et je découvre un tandem tout neuf. La surprise
m'émerveille comme au matin de Noël. On a même ajouté une place
passager à l'avant de l'engin tout pimpant.
-Et
voilà le pique-nique!
Lisa
accourt avec un sac à dos qu'elle me confie. C'est clair, je ne
résisterai pas à leur envie. De toute façon, tout est déjà
organisé. Blanche me rappelle une petite vieille de mon village
natal qui, jusqu'à ses derniers jours, fit du vélo toujours avec la
même aisance. Blanche qui semble tout deviner.
-Pierre,
vous irez devant! Cela me permettra de voir si vous pédalez!
-Et
où allons-nous?
-Nous
allons faire une petite visite à mon fiancé! Lisa vous guidera.
-Pas
de problème mamy! Allez Pierre, en route!
Tableau
de charme et de vacances. Sur la digue encore déserte, le tandem
fait la course avec quelques papiers que le vent lance à notre
poursuite. Quelques sourires et quelques "kijk!" saluent
notre escapade matinale. Lisa, mains au ciel, passe des lignes
d'arrivée et pousse des cris de victoire. Blanche me demande si elle
ne pédale pas trop vite! Du coup, j'écarte les pieds des pédales
pour lui signifier que, déjà, je n'en peux plus. Elle rit autant
que moi. Je voudrais que le trajet dure et dure encore. Nous quittons
maintenant la digue pour un chemin plus étroit et bordé, ça et là,
de petites dunes dont le vent termine la coiffure. Instantanément,
toutes les bouches se ferment. Lisa se cachent les yeux et se fait
toute petite. Cette fois, notre vaisseau traverse une tempête de
sable. Ouf, nous sommes passés. Les bras de Lisa, tendus tour à
tour, m'indiquent la route à suivre. Des sentiers apparaissent un
peu partout mais notre guide connaît le chemin par coeur et nous
pouvons garder notre folle allure. Enfin pour elles, déjà pour moi,
à la barrière d'une petite chaumière, c'est le terminus. Les rires
et les soupirs ponctuent la fin de notre randonnée. Blanche est
accueillie par un chat tigré d'une grande élégance. Lisa pousse la
barrière et comme pour une marelle imaginaire, elle sautille vers la
porte grande ouverte de la maison qui l'avale en un clin d'oeil.
Blanche a pris le chat dans ses bras et le caresse. Dans l'air, un
parfum de fleur m'éveille à un lointain souvenir. Blanche,
silencieuse m'invite à la suivre. un à un, de nouveaux arômes
naissent de mon passé. Les yeux fermés, je pourrais lui décrire
l'atelier de peinture. Les yeux ouverts, je me retrouve face à cette
étrange mais ô combien douce sensation d'être dans un espace
connu. Le peintre me sourit et je me reconnais en lui. La main de
Blanche se pose sur mon épaule, m'attirant au devant de l'immense
toile où m'attend Lisa. Lisa qui s'exclame...
-Viens
voir Pierre! Il nous a déjà peints tous les trois!
Le
peintre se retire et Blanche le rejoint. J'ai fermé les yeux. Ce que
je ressens à cet instant est indicible. Je voudrais que tout ce que
j'ai aimé me soit rendu même pour une seconde. Je sais que je ne
comprendrai rien de ce qui va m'arriver mais je ressens que ce ne
sera que du bien, du beau, du juste. Alors j'ouvre les yeux et la vie
me saute aux yeux.
Silence....
-Toi
tu es né quand tu étais petit!
-Lisa!
C'est toi Lisa? Où suis-je? Il fait tout noir! Je...je...suis-je
mort?
-Mais
non! Tu es sot! Les petits morts vont dans mon jardin!
-Mais...
-Tu
vas naître petit Pierre! Tu vas naître comme quand tu étais petit!
-Mais
où suis-je?
-Tu
es tombé du ciel comme moi! Mais toi, tu es tombé dans la toile de
la vie.
-Et
la lumière?
-La
lumière vient toujours après. Tu l'avais oublié?
-Je
ne l'ai jamais su.
-Pour
naître et pour vivre, on ne doit rien savoir. On apprend en vivant.
Je
n'eus donc pas besoin de demander où étaient Blanche et le peintre
de la toile. Blanche attendrait certainement la fin d'un autre voyage
que l'artiste aurait fini de peindre. Je pleurais...mais mes larmes,
je le savais, allaient passer de la joie à la souffrance, de la
souffrance à la joie qu'une femme allait partager.
-Et
toi Lisa?
-Moi,
dans ce monde, je reste toujours en arrière. C'est pour mieux te
pousser mon enfant!
-Tu
me manques déjà, petite Lisa.
-C'est
toi qui nous manques!
-"Nous"?
-Oui.
Nous, les naissances sans espérances. Ah! Te voilà presque arrivé.
Alors écoute, tu oublieras tout quand la lumière te prendra.
Deviens ce que tu dois devenir. Absolument. Fais naître autant
d'êtres que tu pourras sans chercher à donner un sens à ta vie. Tu
t'es posé les questions essentielles. Maintenant, laisse derrière
toi les lourdeurs de l'existence et apprends à connaître les vraies
souffrances terrestres. Oui. Je sais ce que tu penses. Tout cela est
d'un sérieux abominable. Mais n'est-ce pas l'apanage des hommes
comme toi? Voilà pourquoi l'un d'entre vous à songer à cet
artifice universel. Maintenant, dis-toi que ce sera un artifice inné
et bravo pour le jeu de mots ma petite Lisa! Allez! Bon vent petit
Pierre. Te voilà arrivé. En avant marche sur la piste et déride
nous toute l'humanité!
Alors,
il n' y eut qu'un seul éclair de lumière et je m'éveillai secoué
par un fou rire. Mon rêve était vraiment le plus fou des rêves.
D'ailleurs, plus j'avance dans cette vie, plus je fais des rêves
extraordinaires.
N'empêche,
je suis tout de même à la mer sans vraiment savoir pourquoi j' y
suis et il se peut qu'une petite fille me dise tout à l'heure...
-"Toi,
tu es né quand tu étais petit!"
Allez,
ce ne sera là qu'une simple naissance de plus, la même
reconnaissance des personnages qui arborent un magnifique nez rouge.
Le nez inné. En vrai, je suis comme tous les clowns, je suis né
quand j'étais petit.
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