Ados chefs d'oeuvre en construction périlleuse ou en péril construit

Le bonheur est la motivation

22 juin

Donner du sens à sa scolarité

C'est aussi, déjà, donner du sens

A son existence

l'école de la vie

Commence souvent par

La vie à l'école

Ados chefs d’œuvre en construction périlleuse ou en péril construit

Chaque rencontre avec l’adolescence est un enrichissement. C’est avant tout un effet miroir avec mon adolescence envolée mais pourtant bien amarrée au port de mon existence, nourrissant ainsi chacun de mes partages. Ainsi, à l’automne de ma vie ou plutôt ce qui me semble être un long été indien, je rencontre des printemps le plus souvent désenchantés mais qu’un peu d’attention et de bienveillance renvoient tourner illico presto dans le manège enchanté de la Vie.

Chaque rencontre est comme celles que font sans doute les restaurateurs d’œuvres d’art. Il faut évaluer les dégâts visibles et invisibles et songer que l’œuvre n’est pas finie, que bien vivante, elle demeure tout autant bien fragile. L’œuvre s’autoconstruit mais réclame la douceur et aussi l’assurance de l’adulte. La construction est périlleuse, l’œuvre d’art ne s’appuie encore sur aucun modèle tant elle est esseulée dans l’atelier de l’existence, parfois loin ou bien déjà si près de cette fameuse majorité, loin des premières réelles obligations qui viendront bien assez tôt les confronter aux méandres sociétaux.

 Or, certains optent pour le défi parfois tellement risqué de la mise en péril…un péril construit, empreint d’esprit rebelle, provocateur ou tout simplement audacieux voire curieux. Bien entendu, ces périls construits sont l’ombre de bien des dangers comme ceux que camouflent toutes les expériences de vie. Ainsi découlent au fil du temps : la rencontre de l’autre, l’alcool, le tabac, la fumette, la différence, l’indifférence, les premiers échecs sentimentaux, les illusions amorçant peu à peu leur perdition, l’horizon de vie souvent bien trop noirci par les adultes qui, devant, ouvrent un chemin tellement sinueux, parsemé d’embûches ou d’échecs qui laissent songeurs. C'est aussi sans compter l'image de la société et du monde tel que nous le transformons et tel que nous leur léguerons. Ainsi découlent pour chaque adolescent les sorts du hasard, les sorts de la destinée, les jours de paix, les jours guerriers….

Ainsi donc, les artisans doivent enfiler leur tablier d’humilité et rendre autant que possible toute humanité à ces jeunes chefs d’œuvre qui passeront bientôt du zoo à la jungle, de la réserve à la vie sauvage.

 Ados chefs d’œuvre en construction périlleuse ou en péril construit mais essentiellement chefs d’œuvre. Et quoi de plus gratifiant quand derrière la couche d’un vernis étalé grossièrement apparaît dans une belle lumière, une existence future armée de possibles, renforcée d’estime et de confiance, séparée de son moule comme le papillon abandonne la chrysalide. 

Car, oui parfois, l’artisan doit se faufiler dans cette chrysalide où grandit l’adolescent se construisant patiemment mais parfois difficilement, espérant la faveur des conditions extérieures, faveur que vient renforcer tout artisan bienveillant. Dans cette chrysalide aussi fragile qu’un beau palais de glace, il faut harmoniser le cerveau, le corps et les rêves, il faut nommer les forces et assurer les dons. 

Arrive alors le temps de l’émergence. L’adolescent papillon respirant à plein poumons brise peu à peu la chrysalide usée de patience ou d’impatience. Et tandis que l’artisan recule pour admirer ce chef d’œuvre qui ne lui a jamais appartenu, celui-ci grisé de confiance et de curiosité prend son envol prêt à rejoindre ceux dont les ailes sont déjà cornées. Dès lors, l’artisan passera d’un papillon aguerri à un novice, d’un papillon meurtri à un resplendissant, d’un papillon audacieux à un paresseux, d’un papillon voyageur à un figé…. Sa collection sera unique mais tellement riche qu’il la figera dans le jardin de ses souvenirs comme un trésor précieux que d’autres finiront par se partager…. Souvent, on m'a interrogé quant à mon rôle d'enseignant ou d'éducateur,on m'a souvent bien charrié aussi avec ces fameux congés! Beaucoup de personnes annoncent souvent que les enseignants sont bien payés pour ce qu'ils font la moitié d'une année...étonnant n'est-ce pas? Un métier où l'on est si bien payé à ne rien faire! Il faudrait alors qu'on m'explique pourquoi il y a une pénurie? Manquerions-nous de beaux musées pour nos oeuvres d'art?

A moins que ce ne soit le mot "musée" qui soit mal choisi...école ou institut ou tout autre nom auront sans doute un autre écho....Quoi qu'il en soit, il nous faut être de vrais artisans,créatifs,heureux, passeurs d'émotions positives, curieux d'apprendre encore à apprendre, gardiens des possibles et éclaireurs pour un demain bienveillant et serein...."L'école de la Vie commence souvent par la Vie à l'école..."