jeudi 2 avril 2020

La longue vue, la loupe et le microscope






Bonjour! Avant de partager avec vous place à la pensée du jour pour nos ados en quête de motivation.

« Le bonheur est la motivation »


2 avril

Prends le temps de parler calmement
S’énerver n’apporte rien
Mais si tu dois péter les plombs
Trouve le bon moyen
D'éviter le tsunami des ennuis





Aujourd'hui, j'ai choisi de partager avec vous ce conte que j'ai écrit  pour les jeunes en questionnement . A l'heure actuelle , je pense qu'il fera du bien aussi  à ceux qui sont peut-être un peu perdus voire même confinés à l'excès. Ce conte s'intitule donc la longue vue, la loupe et le microscope. Chacun y trouvera son..."conte"...! Bonne lecture!

La longue vue, la loupe et le microscope

Il était une fois un voyageur solitaire dont le bateau fit naufrage sur une île déserte. Fort heureusement, cet aventurier était instruit, cultivé, ingénieux et travailleur. Il connaissait l’histoire de Robinson Crusoé et la chance lui avait souri car son bateau qui finit par couler abandonna sur la plage : coffre à outils, coffre à habits, coffre à nourriture, il récupéra aussi des allumettes et son journal de bord.
Ainsi, les premiers jours passèrent et notre naufragé eut tôt fait de répondre à ses besoins prioritaires. Il bâtit une maison qu’il consolidait et embellissait chaque jour craignant sans doute qu’une tempête ne revienne ou que cette même tempête ne lui envoie quelques invités. Il fabriqua un arc et des flèches pour se rassurer car l’île était si petite qu’il pouvait en faire le tour en quelques minutes et qu’aucun animal n’avait fait territoire de ce petit paradis. Il fabriqua une canne à pêche qui lui était très utile tant le poisson abondait et s’il acceptait de se priver de viande afin de ne pas tuer les rares oiseaux qui peuplaient l’île, il pouvait se réjouir d’avoir à proximité une eau de source qui semblait intarissable. Bref, allongé dans son hamac, sachant que de toute façon, la vie l’avait vu grandir orphelin et vieillir célibataire, il se disait que rien ne lui manquait vraiment.
Or, voilà qu’un jour, une tempête déchira son horizon bleu azur. Si sa maison résista aux vents violents, si les oiseaux trouvèrent refuge entre les arbres, il vit rouler sur la petite plage : algues, méduses, coquillages mais aussi des déchets marins que la mer dans sa grande lessive semblait avoir vomis sur le sable. Comme il était courageux à la tâche, il fit rapidement le nettoyage et quelle ne fut pas sa surprise quand il découvrit prisonnier d’un amas d’algues un petit coffre de bois dont le vernis scintillait encore de-ci, de-là.
A cet instant, comme si c’était son tour, ce fut son imagination qui bascula dans la tempête. Les yeux du brave marin brillaient de l’or, des pierres précieuses, des bijoux que préservait sans doute cette brave et robuste cachette au trésor. Fébrile, il transporta le coffre jusqu’à sa table et hésita longuement avant d’envisager définitivement qu’il allait l’ouvrir. Son hésitation n’était que prétexte à faire durer l’effervescence de son imaginaire un peu comme le petit enfant qui souhaiterait que le feu d’artifice n’ait pas de fin. Il s’accorda ainsi mille rêves de fortune et de gloire dont essentiellement celui où il rentrait chez lui à la barre d’un vaisseau flambant neuf mais comme il n’avait pas vraiment un vrai chez lui, vraiment, il laissa s’éteindre la dernière fusée de son imagination.
Il se décida alors à ouvrir ce qui était devenu davantage qu’un précieux réceptacle. Ses outils eurent tôt fait de maîtriser la serrure et lentement il souleva le couvercle libéré. Le soleil fit alors briller trois objets soigneusement rangés dans un demi-étui de toile rouge, ce genre de toile qui d’habitude câline les perles rares.
Il soupira quelque peu déçu, posant sur la table tour à tour : une longue-vue, une loupe et un microscope. Il souleva la toile, la secoua mais rien d’autre n’apparut et c’est assez perplexe qu’il envisageait maintenant ce qui, somme toute, était sa nouvelle richesse.
Au bout d’un moment, il prit la longue-vue et scruta l’horizon mais comme il n’y avait rien, il ne songea pas à voir jusqu’à quelle distance cet outil précieux aux marins pouvait faire voyager ses yeux. Il rangea donc la longue-vue et s’empara de la loupe songeant déjà que vu le mordant du soleil sur cette île étroite, ce simple instrument pourrait l’aider le jour où il n’aurait plus d’allumettes. Quelque peu satisfait, il rangea la loupe et installa le microscope concluant tout aussi rapidement que s’il avait été chercheur, scientifique, professeur ou savant ou peut-être même encore collectionneur, ce bel objet lui aurait paru doublement précieux mais l’envie même de s’amuser à observer quelques insectes plus minuscules que la précision de ses yeux l’avait déjà quitté pour laisser place à sa déception.
Le temps passa et épuisa peu à peu la belle régularité du solitaire à le figer sur un calendrier de fortune. Un beau soir, alors qu’il était allongé sur la plage scrutant les étoiles, il sursauta. Surpris d’être surpris par sa propre bêtise aveuglant son si bel engouement à vouloir comprendre les choses. Il se rappela alors combien, dans son enfance, son esprit s’était heurté à l’incapacité de comprendre l’infinité de l’univers, les secrets de l’espace. Son âme d’enfant mobilisa son corps amaigri et fatigué. Il courut chercher sa longue-vue comme si l’urgence devenait son essentiel. Quelques instants plus tard, il scrutait le ciel d’été semeur d’étoiles s’amusant à quitter l’horizon pour cheminer d’un point lumineux à l’autre jusqu’à la lune. Quelle ne fut pas sa surprise quand il réalisa que la longue-vue lui offrait l’infinie impression de pouvoir caresser l’astre laiteux. Il comprit aussitôt qu’il pourrait capturer l’image d’une voile aussi lointaine serait –elle mais réalisa l’instant d’après que la distance serait aussi vite une ennemie l’empêchant de prévenir tout secours potentiel. C’est alors que le brave marin se mit à faire ce qu’il n’avait plus fait de longue date : réfléchir.
Ainsi, il se demanda pourquoi quelqu’un avait pris la peine de rassembler dans le même coffre trois instruments à la fois différents et complémentaires. En réalité, chaque instrument a une utilisation spécifique. Ainsi, le microscope lui permettrait de voir ce que cacherait la poussière de lune, la loupe lui permettrait de mieux voir cette poussière et la longue-vue de s’en rapprocher….
Il appliqua ce raisonnement à diverses situations. Ainsi par exemple, sa longue-vue lui permettait d’observer sans les perturber, ses plus proches voisins, volatiles multicolores. Si sa loupe l’aidait non seulement à allumer un feu, il se souvint d’une autre loupe qui, autrefois, permit à l’enfant d’observer l’effervescence des fourmis. Le microscope ne lui était d’aucune utilité. C’est du moins ce qu’il pensait et ce qu’il pensa jusqu’au soir où il craqua la dernière allumette dont la flamme lui rappela qu’il n’avait jamais pu la préserver au-delà d’une nuit. Cependant, la situation ne lui parut pas catastrophique car son âme d’enfant venait de le remplir d’espérance. Il s’endormit donc à même le sable encore chaud rêvant qu’il explorait la lune empreint de la belle assurance des plus grands explorateurs.
Le lendemain, le soleil brillait fort. A l’aide de sa loupe, il décida d’allumer un feu. Rassemblant quelques brindilles sèches, il ramassa aussi quelques cailloux enfouis au pied d’un palmier afin de créer un petit foyer. Il plaça la loupe entre le soleil et le petit tas d’herbes dont l’odeur se mêlait à son invisible espérance. Son cœur battait comme s’il était le roi d’un nouveau monde. Il cherchait le faisceau qui allait noircir le premier brin d’herbe faisant monter la fumée de l’espoir. Soudain, un éclat jaillit du sol et cinglant meurtrit ses yeux à un point tel qu’il lâcha la loupe. Fort heureusement, le sable amorti sa chute. L’aventurier se mit alors à chercher d’où venait cet éclair.
La loupe eut tôt fait de jouer son rôle de révélatrice : de la poussière brillait entre et sur ses doigts. Il eut tôt fait de la recueillir pour mieux la déposer sous l’œil magique du microscope. Alors, l’éclair dépassa l’aveuglement et gonfla son cœur et tout son corps d’une folle frénésie qui fit le tour de la plage et sans doute le tour du monde tant sa joie était irrésistible : de l’or ! Il venait de découvrir que son île, désormais, il fallait le savoir tout s’ajoutait à sa possession : sa longue-vue, sa loupe, son microscope et son île, cette île était bien plus qu’une île au trésor. Elle était son île au trésor.
Les jours suivants, il creusa et creusa encore découvrant pépite sur pépite. Fort heureusement, l’or ne lui monta pas à la tête tant la joie demeurait en son cœur comme celle de l’enfant qui sait que d’autres aventures l’attendent.
L’or ne lui monta pas à la tête mais elle poussa son imagination à nourrir chacun de ses rêves. Ainsi, il se voyait entouré de chevaux et d’immenses prairies puis il survolait la terre à bord d’une montgolfière. Il rencontrait princesses et notables et autres admirateurs de ses récits d’aventures. Il voyait son île visitée par des milliers de voyageurs comme autant de fourmis aimantées par le sucre d’une savoureuse pâtisserie.
Ses rêves nourrirent, bien avant son ambition, son envie de retrouver la terre ferme et quelques personnes qui, lui plaisant, seraient sans doute de belles amitiés. Ainsi donc, un beau matin, il se réveilla avec la bonne intention de quitter son royaume pour regagner sa bonne vieille terre, son petit hameau et cette petite maison qui ne payait pas de mine et dont certainement les animaux de la forêt avaient fait leur abri ou les oiseaux un énorme nid. C’est en songeant aux oiseaux de ses campagnes qu’il fut attiré par les piaillements des oiseaux de son île. Il les vit sautillant autour des trous et des tas de terre et de sable mêlés que sa recherche d’or avait fait naître. Sans vraiment trop y réfléchir, il vit d’un bon œil l’envie de reboucher tous ces trous et de rendre ainsi à l’île son apparence première. Cette décision sembla convenir aux oiseaux qui terminaient de se régaler des derniers insectes que les travaux de remise en ordre avaient poussés au soleil.
C’est en observant ces convives colorés qu’il se demanda s’ils avaient déjà songé eux-aussi à quitter ce petit territoire. Aucun d’entre eux n’avait l’air d’être enclin aux grands voyages comme les dévorent les oiseaux migrateurs et puis qui aurait envie de quitter un lieu où tout semble venir à propos….
Il aurait certainement pu faire une embarcation assez résistante en sacrifiant son logis mais il n’avait aucune envie de détricoter l’ouvrage de ses premières semaines sur l’île. Pourtant, il savait que cette fois, quitter l’île était sa priorité. Il décida donc de faire le tour de l’île et de récolter tout le bois qui s’offrait à lui comme il l’avait fait les premiers jours après le naufrage. Il entama sa ronde empreint d’un ressentiment étrange comme celui d’un roi s’en allant saluer ses sujets enracinés avant un grand voyage.
Quelle ne fut pas sa surprise quand il arriva à mi-parcours ! Là où il avait récolté ses premiers bois morts d’énormes bambous semblaient pousser à vue d’œil. Il réalisa rapidement qu’il s’agissait d’une variété exceptionnelle poussant allégrement mais la question qui l’envahit fut :comment les graines de bambou étaient-elles arrivées là ? Il finit par se dire que tempêtes, naufrages, voyageurs, oiseaux de passage ou autres raisons ne diminueraient ni n’augmenteraient l’aubaine qui s’offrait à lui. Il avait là de quoi construire une solide embarcation et son enthousiasme décupla ses forces qui libérèrent sa joie. Il lui semblait s’autonourrir. Il ressentait l’impression de voir grandir en lui son enfance et ses rêves. Son esprit galopait. Il eut ainsi coup sur coup des idées qui lui parurent pouvoir rivaliser avec les plus grands esprits terrestres. Régulièrement, il s’emparait de la longue vue et balayait méticuleusement l’horizon. C’est ainsi qu’il découvrit le passage régulier de navires marchands et qu’il s’assura un cap. Régulièrement encore, il observait aussi les oiseaux de son paradis qui survolaient l’île et se laissaient porter par le vent chaud répétant les mêmes départs et arrivées. Il fixa ainsi son heure de départ avec un vent favorable qui gonflerait sa voile de fortune capable de lui faire surmonter la dernière vague vers l’île et la première ouvrant le voyage sur le grand océan. Régulièrement enfin, il observait le ciel étoilé et le gravait sur une planche sûr qu’un jour, cette carte de fortune le ramènerait sur l’île.
Vint enfin le jour où il fut prêt.
Il ne me serait aucune tâche plus délectable que celle de vous conter la suite mais pourtant je ne puis car ce qui arriva à notre brave marin, je l’offre à votre imagination frénétique ou sage, toutefois, il me plaît de vous partager ce que fit notre aventurier quelques instants avant son départ.
Animé d’une profonde certitude, celle-là même qui l’avait mené à l’action, il décida qu’il allait laisser sur l’île ces trois précieux instruments qui lui avaient permis d’éveiller son cœur, de ranimer son enthousiasme et son optimisme, de lui rendre sa joie d’enfant et de l’ouvrir aux rêves les plus fous et à la fois les plus sages. Ce trésor avait traversé le visible et l’invisible pour allier son cœur et son âme à sa volonté de vivre.
La longue-vue, la loupe et le microscope posés sur le sable brillaient au soleil du matin. Et voici ce qui arriva. Notre brave marin, voulant retirer les derniers grains de sable prisonniers de la toile rouge, la secoua comme il l’avait fait au jour de la découverte puis il retourna la boîte et souffla à l’intérieur. C’est alors qu’il réalisa que quelque chose était gravé à même le bois patiné…il s’empara de la loupe pour découvrir ce qu’un poinçon confié à des mains habiles avait fixé comme une épitaphe burinée dans la pierre.
Voici ce que la loupe révéla : « on cherche parfois bien loin une solution pour un problème microscopique car l’œil nu se rit lui-même de la loupe qui ne fait que l’agrandir… ».
Il ne chercha même pas à méditer sur cette pensée car l’immense océan ne pourrait à lui seul contenir tout le sens façonné par les jours vécus sur l’île…sens de la vie, sens du hasard, sens du destin, sens de l’effort, sens du rêve….
A l’instant précis et présent, le vent lui était favorable…il poussa son radeau vers les premières vagues, hissa sa grande voile de fortune et sans se retourner s’élança en poussant un cri de joie qui éparpilla tous les oiseaux comme un dernier feu d’artifice voulant être vu dans l’échappée nocturne…
FIN

 





1 commentaire:

  1. Belle histoire plein de sagesse qui nous rappelle que l'essentiel n'est pas toujours la ou l'on cherche. Je ne sais pas si l'écriture est un don, mais si ça l'est, alors Thierry ...tu es doué !

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