Bonjour! Avant de partager avec vous place à la pensée du jour pour nos ados en quête de motivation.
« Le
bonheur est la motivation »
2 avril
Prends le temps de parler calmement
S’énerver n’apporte rien
Mais si tu dois péter les plombs
Trouve le bon moyen
D'éviter le tsunami des ennuis
Aujourd'hui, j'ai choisi de partager avec vous ce conte que j'ai écrit pour les jeunes en questionnement . A l'heure actuelle , je pense qu'il fera du bien aussi à ceux qui sont peut-être un peu perdus voire même confinés à l'excès. Ce conte s'intitule donc la longue vue, la loupe et le microscope. Chacun y trouvera son..."conte"...! Bonne lecture!
La longue vue, la loupe et le microscope
Il
était une fois un voyageur solitaire dont le bateau fit naufrage sur
une île déserte. Fort heureusement, cet aventurier était instruit,
cultivé, ingénieux et travailleur. Il connaissait l’histoire de
Robinson Crusoé et la chance lui avait souri car son bateau qui
finit par couler abandonna sur la plage : coffre à outils,
coffre à habits, coffre à nourriture, il récupéra aussi des
allumettes et son journal de bord.
Ainsi,
les premiers jours passèrent et notre naufragé eut tôt fait de
répondre à ses besoins prioritaires. Il bâtit une maison qu’il
consolidait et embellissait chaque jour craignant sans doute qu’une
tempête ne revienne ou que cette même tempête ne lui envoie
quelques invités. Il fabriqua un arc et des flèches pour se
rassurer car l’île était si petite qu’il pouvait en faire le
tour en quelques minutes et qu’aucun animal n’avait fait
territoire de ce petit paradis. Il fabriqua une canne à pêche qui
lui était très utile tant le poisson abondait et s’il acceptait
de se priver de viande afin de ne pas tuer les rares oiseaux qui
peuplaient l’île, il pouvait se réjouir d’avoir à proximité
une eau de source qui semblait intarissable. Bref, allongé dans son
hamac, sachant que de toute façon, la vie l’avait vu grandir
orphelin et vieillir célibataire, il se disait que rien ne lui
manquait vraiment.
Or,
voilà qu’un jour, une tempête déchira son horizon bleu azur. Si
sa maison résista aux vents violents, si les oiseaux trouvèrent
refuge entre les arbres, il vit rouler sur la petite plage :
algues, méduses, coquillages mais aussi des déchets marins que la
mer dans sa grande lessive semblait avoir vomis sur le sable. Comme
il était courageux à la tâche, il fit rapidement le nettoyage et
quelle ne fut pas sa surprise quand il découvrit prisonnier d’un
amas d’algues un petit coffre de bois dont le vernis scintillait
encore de-ci, de-là.
A
cet instant, comme si c’était son tour, ce fut son imagination qui
bascula dans la tempête. Les yeux du brave marin brillaient de l’or,
des pierres précieuses, des bijoux que préservait sans doute cette
brave et robuste cachette au trésor. Fébrile, il transporta le
coffre jusqu’à sa table et hésita longuement avant d’envisager
définitivement qu’il allait l’ouvrir. Son hésitation n’était
que prétexte à faire durer l’effervescence de son imaginaire un
peu comme le petit enfant qui souhaiterait que le feu d’artifice
n’ait pas de fin. Il s’accorda ainsi mille rêves de fortune et
de gloire dont essentiellement celui où il rentrait chez lui à la
barre d’un vaisseau flambant neuf mais comme il n’avait pas
vraiment un vrai chez lui, vraiment, il laissa s’éteindre la
dernière fusée de son imagination.
Il
se décida alors à ouvrir ce qui était devenu davantage qu’un
précieux réceptacle. Ses outils eurent tôt fait de maîtriser la
serrure et lentement il souleva le couvercle libéré. Le soleil fit
alors briller trois objets soigneusement rangés dans un demi-étui
de toile rouge, ce genre de toile qui d’habitude câline les perles
rares.
Il
soupira quelque peu déçu, posant sur la table tour à tour :
une longue-vue, une loupe et un microscope. Il souleva la toile, la
secoua mais rien d’autre n’apparut et c’est assez perplexe
qu’il envisageait maintenant ce qui, somme toute, était sa
nouvelle richesse.
Au
bout d’un moment, il prit la longue-vue et scruta l’horizon mais
comme il n’y avait rien, il ne songea pas à voir jusqu’à quelle
distance cet outil précieux aux marins pouvait faire voyager ses
yeux. Il rangea donc la longue-vue et s’empara de la loupe
songeant déjà que vu le mordant du soleil sur cette île étroite,
ce simple instrument pourrait l’aider le jour où il n’aurait
plus d’allumettes. Quelque peu satisfait, il rangea la loupe et
installa le microscope concluant tout aussi rapidement que s’il
avait été chercheur, scientifique, professeur ou savant ou
peut-être même encore collectionneur, ce bel objet lui aurait paru
doublement précieux mais l’envie même de s’amuser à observer
quelques insectes plus minuscules que la précision de ses yeux
l’avait déjà quitté pour laisser place à sa déception.
Le
temps passa et épuisa peu à peu la belle régularité du solitaire
à le figer sur un calendrier de fortune. Un beau soir, alors qu’il
était allongé sur la plage scrutant les étoiles, il sursauta.
Surpris d’être surpris par sa propre bêtise aveuglant son si bel
engouement à vouloir comprendre les choses. Il se rappela alors
combien, dans son enfance, son esprit s’était heurté à
l’incapacité de comprendre l’infinité de l’univers, les
secrets de l’espace. Son âme d’enfant mobilisa son corps amaigri
et fatigué. Il courut chercher sa longue-vue comme si l’urgence
devenait son essentiel. Quelques instants plus tard, il scrutait le
ciel d’été semeur d’étoiles s’amusant à quitter l’horizon
pour cheminer d’un point lumineux à l’autre jusqu’à la lune.
Quelle ne fut pas sa surprise quand il réalisa que la longue-vue lui
offrait l’infinie impression de pouvoir caresser l’astre laiteux.
Il comprit aussitôt qu’il pourrait capturer l’image d’une
voile aussi lointaine serait –elle mais réalisa l’instant
d’après que la distance serait aussi vite une ennemie l’empêchant
de prévenir tout secours potentiel. C’est alors que le brave marin
se mit à faire ce qu’il n’avait plus fait de longue date :
réfléchir.
Ainsi,
il se demanda pourquoi quelqu’un avait pris la peine de rassembler
dans le même coffre trois instruments à la fois différents et
complémentaires. En réalité, chaque instrument a une utilisation
spécifique. Ainsi, le microscope lui permettrait de voir ce que
cacherait la poussière de lune, la loupe lui permettrait de mieux
voir cette poussière et la longue-vue de s’en rapprocher….
Il
appliqua ce raisonnement à diverses situations. Ainsi par exemple,
sa longue-vue lui permettait d’observer sans les perturber, ses
plus proches voisins, volatiles multicolores. Si sa loupe l’aidait
non seulement à allumer un feu, il se souvint d’une autre loupe
qui, autrefois, permit à l’enfant d’observer l’effervescence
des fourmis. Le microscope ne lui était d’aucune utilité. C’est
du moins ce qu’il pensait et ce qu’il pensa jusqu’au soir où
il craqua la dernière allumette dont la flamme lui rappela qu’il
n’avait jamais pu la préserver au-delà d’une nuit. Cependant,
la situation ne lui parut pas catastrophique car son âme d’enfant
venait de le remplir d’espérance. Il s’endormit donc à même le
sable encore chaud rêvant qu’il explorait la lune empreint de la
belle assurance des plus grands explorateurs.
Le
lendemain, le soleil brillait fort. A l’aide de sa loupe, il décida
d’allumer un feu. Rassemblant quelques brindilles sèches, il
ramassa aussi quelques cailloux enfouis au pied d’un palmier afin
de créer un petit foyer. Il plaça la loupe entre le soleil et le
petit tas d’herbes dont l’odeur se mêlait à son invisible
espérance. Son cœur battait comme s’il était le roi d’un
nouveau monde. Il cherchait le faisceau qui allait noircir le premier
brin d’herbe faisant monter la fumée de l’espoir. Soudain, un
éclat jaillit du sol et cinglant meurtrit ses yeux à un point tel
qu’il lâcha la loupe. Fort heureusement, le sable amorti sa chute.
L’aventurier se mit alors à chercher d’où venait cet éclair.
La
loupe eut tôt fait de jouer son rôle de révélatrice : de la
poussière brillait entre et sur ses doigts. Il eut tôt fait de la
recueillir pour mieux la déposer sous l’œil magique du
microscope. Alors, l’éclair dépassa l’aveuglement et gonfla son
cœur et tout son corps d’une folle frénésie qui fit le tour de
la plage et sans doute le tour du monde tant sa joie était
irrésistible : de l’or ! Il venait de découvrir que son
île, désormais, il fallait le savoir tout s’ajoutait à sa
possession : sa longue-vue, sa loupe, son microscope et son île,
cette île était bien plus qu’une île au trésor. Elle était son
île au trésor.
Les
jours suivants, il creusa et creusa encore découvrant pépite sur
pépite. Fort heureusement, l’or ne lui monta pas à la tête tant
la joie demeurait en son cœur comme celle de l’enfant qui sait que
d’autres aventures l’attendent.
L’or
ne lui monta pas à la tête mais elle poussa son imagination à
nourrir chacun de ses rêves. Ainsi, il se voyait entouré de chevaux
et d’immenses prairies puis il survolait la terre à bord d’une
montgolfière. Il rencontrait princesses et notables et autres
admirateurs de ses récits d’aventures. Il voyait son île visitée
par des milliers de voyageurs comme autant de fourmis aimantées par
le sucre d’une savoureuse pâtisserie.
Ses
rêves nourrirent, bien avant son ambition, son envie de retrouver la
terre ferme et quelques personnes qui, lui plaisant, seraient sans
doute de belles amitiés. Ainsi donc, un beau matin, il se réveilla
avec la bonne intention de quitter son royaume pour regagner sa bonne
vieille terre, son petit hameau et cette petite maison qui ne payait
pas de mine et dont certainement les animaux de la forêt avaient
fait leur abri ou les oiseaux un énorme nid. C’est en songeant aux
oiseaux de ses campagnes qu’il fut attiré par les piaillements des
oiseaux de son île. Il les vit sautillant autour des trous et des
tas de terre et de sable mêlés que sa recherche d’or avait fait
naître. Sans vraiment trop y réfléchir, il vit d’un bon œil
l’envie de reboucher tous ces trous et de rendre ainsi à l’île
son apparence première. Cette décision sembla convenir aux oiseaux
qui terminaient de se régaler des derniers insectes que les travaux
de remise en ordre avaient poussés au soleil.
C’est
en observant ces convives colorés qu’il se demanda s’ils avaient
déjà songé eux-aussi à quitter ce petit territoire. Aucun d’entre
eux n’avait l’air d’être enclin aux grands voyages comme les
dévorent les oiseaux migrateurs et puis qui aurait envie de quitter
un lieu où tout semble venir à propos….
Il
aurait certainement pu faire une embarcation assez résistante en
sacrifiant son logis mais il n’avait aucune envie de détricoter
l’ouvrage de ses premières semaines sur l’île. Pourtant, il
savait que cette fois, quitter l’île était sa priorité. Il
décida donc de faire le tour de l’île et de récolter tout le
bois qui s’offrait à lui comme il l’avait fait les premiers
jours après le naufrage. Il entama sa ronde empreint d’un
ressentiment étrange comme celui d’un roi s’en allant saluer ses
sujets enracinés avant un grand voyage.
Quelle
ne fut pas sa surprise quand il arriva à mi-parcours ! Là où
il avait récolté ses premiers bois morts d’énormes bambous
semblaient pousser à vue d’œil. Il réalisa rapidement qu’il
s’agissait d’une variété exceptionnelle poussant allégrement
mais la question qui l’envahit fut :comment les graines de
bambou étaient-elles arrivées là ? Il finit par se dire que
tempêtes, naufrages, voyageurs, oiseaux de passage ou autres raisons
ne diminueraient ni n’augmenteraient l’aubaine qui s’offrait à
lui. Il avait là de quoi construire une solide embarcation et son
enthousiasme décupla ses forces qui libérèrent sa joie. Il lui
semblait s’autonourrir. Il ressentait l’impression de voir
grandir en lui son enfance et ses rêves. Son esprit galopait. Il eut
ainsi coup sur coup des idées qui lui parurent pouvoir rivaliser
avec les plus grands esprits terrestres. Régulièrement, il
s’emparait de la longue vue et balayait méticuleusement l’horizon.
C’est ainsi qu’il découvrit le passage régulier de navires
marchands et qu’il s’assura un cap. Régulièrement encore, il
observait aussi les oiseaux de son paradis qui survolaient l’île
et se laissaient porter par le vent chaud répétant les mêmes
départs et arrivées. Il fixa ainsi son heure de départ avec un
vent favorable qui gonflerait sa voile de fortune capable de lui
faire surmonter la dernière vague vers l’île et la première
ouvrant le voyage sur le grand océan. Régulièrement enfin, il
observait le ciel étoilé et le gravait sur une planche sûr qu’un
jour, cette carte de fortune le ramènerait sur l’île.
Vint
enfin le jour où il fut prêt.
Il
ne me serait aucune tâche plus délectable que celle de vous conter
la suite mais pourtant je ne puis car ce qui arriva à notre brave
marin, je l’offre à votre imagination frénétique ou sage,
toutefois, il me plaît de vous partager ce que fit notre aventurier
quelques instants avant son départ.
Animé
d’une profonde certitude, celle-là même qui l’avait mené à
l’action, il décida qu’il allait laisser sur l’île ces trois
précieux instruments qui lui avaient permis d’éveiller son cœur,
de ranimer son enthousiasme et son optimisme, de lui rendre sa joie
d’enfant et de l’ouvrir aux rêves les plus fous et à la fois
les plus sages. Ce trésor avait traversé le visible et l’invisible
pour allier son cœur et son âme à sa volonté de vivre.
La
longue-vue, la loupe et le microscope posés sur le sable brillaient
au soleil du matin. Et voici ce qui arriva. Notre brave marin,
voulant retirer les derniers grains de sable prisonniers de la toile
rouge, la secoua comme il l’avait fait au jour de la découverte
puis il retourna la boîte et souffla à l’intérieur. C’est
alors qu’il réalisa que quelque chose était gravé à même le
bois patiné…il s’empara de la loupe pour découvrir ce qu’un
poinçon confié à des mains habiles avait fixé comme une épitaphe
burinée dans la pierre.
Voici
ce que la loupe révéla : « on cherche parfois bien loin
une solution pour un problème microscopique car l’œil nu se rit
lui-même de la loupe qui ne fait que l’agrandir… ».
Il
ne chercha même pas à méditer sur cette pensée car l’immense
océan ne pourrait à lui seul contenir tout le sens façonné par
les jours vécus sur l’île…sens de la vie, sens du hasard, sens
du destin, sens de l’effort, sens du rêve….
A
l’instant précis et présent, le vent lui était favorable…il
poussa son radeau vers les premières vagues, hissa sa grande voile
de fortune et sans se retourner s’élança en poussant un cri de
joie qui éparpilla tous les oiseaux comme un dernier feu d’artifice
voulant être vu dans l’échappée nocturne…
FIN
Belle histoire plein de sagesse qui nous rappelle que l'essentiel n'est pas toujours la ou l'on cherche. Je ne sais pas si l'écriture est un don, mais si ça l'est, alors Thierry ...tu es doué !
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